21 février 2009

Les tourismes

Voilà bientôt deux ans que je me suis lancé dans l’aventure du tourisme (pas du côté du voyageur), et je me suis souvent trouvé confronté au problème des définitions. "Durable", "responsable", "équitable", ... Quezaquo ? Dans le cadre de mon travail, et de manière à définir mon activité, j’ai entrepris de répertorier les différentes définitions que l’on pouvait trouver. Puis en surfant sur un forum de voyages que je fréquente depuis récemment (e-voyageurs) je me suis aperçu que je n’étais pas le seul pour lequel tous ces concepts étaient flous. J’ai donc décidé de poster ces définitions sur mon blog. L’ordre est choisi car j’essaie de positionner chacune de ces principales formes de tourisme « alternatif » par rapport au tourisme durable.

Mes sources sont principalement Le guide des destinations indigènes de Sylvie Blangy, et le petit futé Guide de l’écotourisme.

Tourisme durable
C’est le tourisme qui est lié au concept de développement durable (apparu dans les années 80). Il repose sur trois notions majeures qu’il est sensé développer sur le long terme : écologie, économie et éthique (respect des pays d’accueil notamment).
Selon l’OMT « le tourisme durable implique la gestion de toutes les ressources de telle manière que les nécessités économiques, sociales et esthétiques soient rencontrées dans le respect de l’intégrité culturelle et environnementale des territoires visités, de leur diversité biologique et du cadre de vie. Il doit être supportable à long terme sur le plan écologique, viable sur le plan économique, et équitable sur le plan éthique et social pour les populations locales ».
Avec cette définition on comprend bien que le tourisme durable s’adresse (ou peut s’adresser) à tous les secteurs du tourisme, y compris le tourisme de masse. Il s’agit plus d’un outil pour faire évoluer le tourisme dans le bon sens que d’un secteur bien défini du tourisme séparé des autres (tourisme de masse, tourisme nature, tourisme équitable, etc.). En revanche, les secteurs du tourisme dits « alternatifs », s’inscrivent pour la plupart dans une démarche de tourisme durable, soit en partie, soit intégralement.

Tourisme responsable
Là encore, il est difficile d’identifier le tourisme responsable comme un secteur bien défini du tourisme. Il s’inscrit dans une démarche de prise de conscience des voyageurs et des voyagistes, et cela quelque soit la manière de voyager.
Dans un premier temps, voyager responsable c’est être conscient des enjeux locaux, économiques et environnementaux, et partager, sans se bander les yeux, la réalité quotidienne des peuples autochtones. C’est donc également être conscient des impacts que peuvent engendrer notre venue sur un territoire. « Etre un touriste responsable, c’est aussi savoir anticiper l’impact, y compris négatif, qu’on peut avoir sur la survie des villages-hôtes, en prélevant sur les ressources rares comme l’eau, les combustibles et les produits agricoles de base en régions désertiques ou de haute montagne. » (Sylvie Blangy, Le Guide Des Destinations Indigènes, extrait de l’introduction).
Dans un second temps, voyager responsable c’est adopter une conduite citoyenne envers ces territoires et peuples indigènes, et être prêt à changer ses habitudes, au moins le temps du voyage.
Pour simplifier, le tourisme responsable est un tourisme respectueux et réfléchi. Il s’agit d’une manière de voyager. Il est facile de faire un parallèle entre tourisme responsable et l’aspect éthique du tourisme durable.

Tourisme équitable
C’est le tourisme lié au concept de commerce équitable qui consiste en une organisation juste et contrôlée de toute la chaîne de production. Il y a une forte participation des communautés d’accueil à la réalisation du séjour. Les bénéfices doivent être en grande partie perçus localement et équitablement partagés entre les membres de la population locale.

Tourisme solidaire
Le tourisme solidaire se concentre principalement sur les sociétés humaines. Le tourisme est inséré dans une action de développement locale. Là encore les bénéfices sont en grande partie versés aux populations locales qui gèrent elles-mêmes les projets de développement et de solidarité. Il y a une notion de solidarité immédiate entre touriste et population d’accueil.
Tourisme équitable et solidaire sont très souvent confondus, et à juste titre : si ils ont des origines différentes, leurs applications conduisent au même résultat. Ces deux appellations constituent un secteur bien identifiable du tourisme. Dans leurs définitions ils respectent les principes du tourisme responsable et du tourisme durable (en mettant l’accent sur les aspects économiques et éthiques plus qu’écologiques).


Tourisme vert ou rural
Il s’agit du tourisme qui se déroule en milieu rural, en proposant hébergement et restauration dans des gîtes, chambres d’hôtes, ou chez l’habitant. Il peut regrouper divers types de tourisme (équestre, agritourisme, etc.). C’est un secteur bien identifiable du tourisme qui respecte généralement les exigences du tourisme durable, au moins pour ses aspects économiques et éthiques.

Tourisme nature
C’est toute forme de tourisme qui se pratique dans un cadre naturel et dont la motivation principale est l’observation de la nature.
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, il ne respecte pas nécessairement les principes du tourisme durable, même pour l’aspect écologique. Par exemple, un séjour en moto-neige dans la forêt canadienne, ou un voyage en 4x4 à travers les parcs nationaux africains pour faire un safari photo, font parti du tourisme nature.

Tourisme culturel
Il s’agit du tourisme dont la finalité est l’enrichissement culturel du voyageur au contact du patrimoine architectural ou immatériel (ancien ou récent). C’est un tourisme organisé et accompagné par des personnes compétentes. Il s’agit d’un secteur du tourisme bien identifiable, et qui peut respecter ou non les principes du tourisme durable. Une dérive possible est la dévalorisation des cultures locales contemporaines quand les populations sont mises au service d’un patrimoine ancien (aussi exceptionnel soit-il).

Tourisme indigène, communautaire, villageois ou autochtone
C’est le tourisme proposé et géré par les populations locales elles-mêmes. Il respecte l’environnement naturel et social de ces communautés, et assure un développement économique durable et équitable. Il respecte parfaitement les définitions de tourisme équitable et solidaire, et s’inscrit également parfaitement dans les exigences du tourisme durable.
« Au Belize, l’association d’Ecotourisme de Toledo gérée par les indiens Mayas, en Equateur, la communauté Cofan font figure de pionniers. Ce sont les premières communautés autochtones dans le monde à ouvrir leurs maisons, leurs villages à des visiteurs en leur proposant de partager tout simplement au quotidien leur vie, leur territoire et leur culture. Ces communautés vivent souvent dans un état de grande précarité. Elles sont engagées par ailleurs dans de violents conflits avec des compagnies minières, pétrolières et forestières qui exploitent leurs ressources sans négociation préalable. Ces initiatives d’accueil s’inscrivent explicitement dans le cadre défini par l’écotourisme. Elles le perçoivent comme un véhicule pour alerter l’opinion internationale. » (Sylvie Blangy, Le Guide Des Destinations Indigènes, extrait de l’introduction).

Ecotourisme
Selon la TIES (The International Ecotourism Society)(1990) : « forme de voyage responsable dans les espaces naturels qui contribue à la protection de l’environnement et au bien être des populations locales ».
Selon l’ OMT (Organisation mondiale du tourisme): Toutes les formes de tourisme axées sur la nature et dans lesquelles la principale motivation est d’observer et d’apprécier la nature, ainsi que des cultures traditionnelles qui règnent dans les zones naturelles. Il comporte une part d’éducation et d’interprétation. Il est généralement organisé pour des groupes restreints par de petites entreprises locales spécialisées. Il favorise la protection des zones naturelles et veille au bien être des populations locales :
  • en procurant des avantages économiques aux communautés d’accueil, aux organismes et aux administrations qui veillent à la préservation des zones naturelles ;
  • en créant des emplois et des sources de revenus pour les populations locales ;
  • en favorisant une prise de conscience chez les habitants du pays d’accueil comme chez les touristes de la nécessité de préserver le capital naturel et culturel.
L’écotourisme, secteur bien identifiable, est donc généralement un tourisme responsable, souvent rural, obligatoirement équitable et solidaire, nature et culturel, parfois indigène, et fondamentalement durable (en mettant l’accent sur les aspects écologiques et éthiques).


Ce post est un mélange de définitions strictes et de réflexions personnelles, que je vous invite bien sûr à critiquer ouvertement par vos commentaires. Et un grand merci pour ceux qui m’ont lu jusque là.

1 commentaire:

Djoliba a dit…

cela à au moins le mérite d'éclaircir tous ces termes employés à tord et à travers . merci